Au début de ma lecture j’ai pensé à un conte pour enfant. Il n’en est rien et mis dans les mains d’un enfant, il n’y comprendrait sans doute pas grand-chose. Ce sera aussi le cas sous les yeux des adultes qui n’auraient pas le temps ou le loisir d’éveiller leur sensibilité ou de se laisser charmer par la poésie de ce récit. Pour qui veut le goûter, c’est une fiction charmante, originale, parfois onirique et loufoque. Le style de l’auteure est délicat, sans artifice et encore une fois très poétique.
Zizi Cabane est une petite fille d’une dizaine d’années, souvent la narratrice et l’héroïne de cette histoire et c’est de son point de vue qu’il faut l’entendre. L’histoire, c’est celle de sa famille: sa mère Odile disparue, son père chef de famille responsable mais perdu depuis la disparition d’Odile, ses deux frères, l’ainé qui veille sur elle et ne se pardonne pas la moindre défaillance, le cadet surnommé Chiffon qui partage sa vie d’enfant. Autour d’eux pour les aider à ne pas faire naufrage, une tante maternelle dans tous les sens du terme et son ami, un grand-père sorti d’on ne sait trop où et qui se revendique comme tel. Odile est absente et omniprésente, elle fait corps avec les éléments naturels, le vent et l’eau indomptable qui menace la maison.
Aucune tristesse dans cette fiction, peut-être un peu de mélancolie bienfaisante et pourtant, pour moi, c’est une histoire qui parle du deuil. Un deuil impossible pour zizi à cause des non-dits et impossible pour son père à cause des non-dits. C’est aussi un récit qui parle de la place de la mère dans la famille et donc de l’absence de la mère auprès de Zizi incapable de se construire complètement malgré l’attention de tous. L’absence d’Odile, c’est comme si Zizi n’avait qu’un bras.
Zizi Cabane de Bérangère Cournut (https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9reng%C3%A8re_Cournut), c’est une lecture paisible, qui fait du bien et que chacun peut recevoir comme il veut, selon ses rêves. P.S: la fresque qui fait la couverture du livre est magnifique.