C’est un récit de voyage en Afrique de l’ouest. « Errances » est bien le titre approprié parce que le voyageur n’a pas de raison particulière de parcourir la région, ni but ni objectif à remplir. Il a la trentaine et il est mû par la curiosité, la soif de liberté, le besoin de partage avec « les potes ». L’énergie de la jeunesse est son moteur, l’insouciance lui épargne tout frein.
Dakar est sa première base où l’attendent les potes. Ce sont eux qui font l’itinéraire en proposant des hébergements dans leur famille ou chez des amis ou chez des potes de rencontre, lesquels ne sont jamais prévenus de l’arrivée d’un ou plusieurs voyageurs. Tout est propice à tisser des liens, le temps passé à attendre les taxi-brousse ou l’écoulement de l’eau au robinet du village, les longs trajets inconfortables dans les 504 pourries, les soirées en boîte où on danse jusqu’au petit matin, les repas partagés dans les cours des concessions.
Le voyageur est attentif aux paysages mais qu’il nous fasse découvrir le Sénégal, la Gambie, les Guinée, le Mali ou la Côte d’ivoire, les forets, les déserts, les fleuves, les villages n’ont rien de très spécifique dans ses descriptions. Dakar et Conakri sont des grandes villes africaines avec leur lot d’infrastructures plus ou moins achevées et de bidonvilles, la chaleur accablante et le froid la nuit. Les villages sont faits de constructions en dur au toit de tôle et de cases avec des concessions entourées de haies de branchages attachés par des lianes. La cour des concessions constitue le principal lieu de vie, on y croise toute la famille, on y cuisine et on y mange, on s’y repose, on discute indéfiniment et on attend que les potes passent…
Le plus frappant dans ce voyage c’est la capacité d’accueil et de partage de la population africaine, bien connue mais tellement évidente et chaleureuse dans ce récit. Puis l’insouciance des jeunes qui va de pair avec la tolérance à l’inconfort (le lit de fortune pour trois, les trajets à 12-13 dans une voiture usée de 7 places et dont on ne compte plus les pannes, le repas frugal en attendant mieux, le froid, la chaleur et la poussière, les moustiques…). C’est la richesse des rencontres et l’expérience de la liberté qui justifient, et grandement, ce voyage en Afrique de l’Ouest et ce livre. Thomas Wild se confie dans cet entretien: https://franorfon.org/articles/10.16993/rnef.114