Pourquoi n’aime t’on pas le hasard? café philo Octobre 2025

Las Vegas, Casino, photo personnelle 2017

Le hasard c’est le futur rempli d’incertitudes, c’est la survenue de phénomènes aléatoires, sans cause et sans finalité. Il est porteur de dangers potentiels qui engendrent la peur. L’imprévisibilité d’évènements qui nous concernent nous empêche de maîtriser complètement notre vie, nos projets et nous pousse hors de notre zone de confort. Le hasard est absurde, il est dépourvu de sens alors que nous avons besoin de sens et que nous balisons notre vie avec des repères qu’il bouscule. Autant de raisons de ne pas aimer le hasard et de chercher des moyens d’y palier, comme les prédictions et la religion ou plus rationnellement se réfugier dans la recherche des causes devant l’impossibilité temporaire de les identifier. Certains acceptent qu’il existe des phénomènes aléatoires, d’autres les réfutent mais se réfèrent à une volonté supérieure qui les détermine (Dieu), d’autres enfin, les réfutent et recherchent les causes.

Le hasard est indissociable de la vie, il contient d’innombrables possibles, il est porteur d’espoir, moteur de l’existence. Il stimule la recherche des causes et, en nous forçant à sortir de notre zone de confort, il nous amène à nous adapter et à apprendre. La science combat la peur de l’inconnu. Comme devant la mort, tous les hommes sont égaux devant le hasard même si ses fruits ne sont pas les mêmes pour tous, certains sont amers d’autres sont heureux. Notre naissance même, depuis la rencontre aléatoire des géniteurs, la sélection de l’ovule et du spermatozoïde fécondant, jusqu’au grand brassage génétique, est le fruit d’un hasard nécessaire à la pérennité de l’espèce. Le hasard c’est la vie.

Notre cerveau mesure le degré d’incertitude produite par le hasard comme en témoigne l’activation en IRM fonctionnelle de l’amygdale, du cortex préfrontal et du striatum. Cette activité neuronale déclenche plusieurs réactions: des émotions, la peur ou l’excitation (le grand frisson) – des symptômes de stress – des biais cognitifs (aversion à l’ambiguité, effet de certitude…). Dans un but de préservation de l’espèce, notre cerveau nous conduit à trouver un équilibre entre ne pas s’exposer au hasard pour éviter des risques et apprécier le hasard riche de surprises qui éloigne l’ennui et la routine, sources potentielles de dépression et suicide. Le hasard habite toute notre vie en régulant notre humeur: l’incertitude engendre la peur et l’anxiété (au pire l’angoisse) qui contraint notre cerveau à lâcher prise, alternant entre vigilance et relaxation.

Le hasard est difficile à conceptualiser. Il disparait si on en trouve la cause et tout réel a une cause. Existe-t-il alors un évènement sans cause? Le hasard peut être le refuge de l’ignorance si on s’abstient d’en rechercher les causes ce qui serait contraire à une démarche philosophique.

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