L’être humain est-il un animal nuisible? Café Philo Novembre 2025

Ce que j’en pense après le débat:

Que d’ambiguités dans cet énoncé! Quel est cet être humain dont on parle? L’être humain représentatif de tous les autres n’existe pas. Faisant l’hypothèse (assez réaliste!) que chaque être humain comporte en lui une part nuisible, à quelle norme de nuisibilité se rapporter pour affirmer que l’être humain « moyen » ou que l’ensemble des êtres humains est nuisible? « Animal nuisible » peut-il s’appliquer à l’être humain qui, bien sûr, descend du règne animal mais n’en est plus un depuis que l’évolution de son cerveau l’a distingué des primates. Il ne faut pas dissocier « animal » et « nuisible » et considérer une « espèce nuisible » dont la définition du dictionnaire est: animaux qui transmettent des maladies, détruisent les cultures ou entrent en compétition avec les êtres humains pour certaines ressources alimentaires. Cela justifie-t-il l’éradication de l’espèce? et l’extrapolation à l’être humain ne conduit-elle pas à l’homicide et au génocide? On préfèrera donc ici le terme de « néfaste » (qui cause du mal).

Au regard des actualités, guerre en Ukraine, catastrophe humanitaire à Gaza ou au Soudan, inégalités sociales, menaces écologiques sur la planète… il ne fait pas de doute que l’être humain à un fort potentiel de nuisance. Dans les mêmes temps, l’homme est capable de s’unir pour soutenir l’Ukraine, de voler au secours des populations affamées, de manifester contre les inégalités et les agressions contre l’environnement et, aussi, de produire des oeuvres d’art et de mener des recherches scientifiques au bénéfice de tous.

L’enfant nouveau-né n’a ni volonté ni conscience de faire du mal. Il naît dans un groupe social en charge de son éducation et qui doit lui apporter des apprentissages essentiels. Il est avéré que le défaut de soins au petit enfant a des conséquences délétères et conduit à des comportements néfastes. L’enfant doit acquérir la maîtrise de ses émotions et de ses pulsions comme la colère et la frustration, l’acceptation des effets du hasard et de l’incertitude, une bonne compréhension du langage, l’utilisation judicieuse des ressources. Il doit apprendre les règles des rapports humains comme le respect des femmes et l’accueil de l’étranger. Tous ces apprentissages seront la base de ses comportements utiles ou néfastes selon son habileté dans les multiples situations de la vie. Aucune personne n’est néfaste en tout ou utile en tout. Chacun se souvient de l’abbé Pierre capable de mobiliser des foules pour secourir les malheureux et coupable de harcèlement voire pire envers les femmes. Le comportement individuel influence le comportement d’un groupe mais celui-ci n’est pas la somme de tous les comportements individuels, la psychologie et la sociologie nous apprennent que d’autres facteurs interviennent pour expliquer le comportement d’un groupe et encore plus, d’une foule.

L’être humain n’est pas néfaste par essence. Il peut, comme l’enfant, n’avoir ni la volonté ni la conscience de faire du mal. Pourtant il en fait, plus ou moins, à ses congénères et à son milieu, mais a-t-il le pouvoir de ne pas en faire? Primum non nocere impose de réfléchir aux conséquences de ses actes avant d’agir. Lutter contre la nuisibilité des hommes nécessite de cultiver l’éducation, la compréhension et l’esprit critique.

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