Alain Mabanckou, roman paru en 2006 aux éditions du Seuil.
Voilà une curieuse histoire, un peu comme une fable de La Fontaine à la sauce africaine. Alain Mabanckou a dû bien s’amuser.
Un porc-épic se confesse à un vieux baobab après la mort de son maître. Il a fait une carrière d’animal totem, exécuteur des basses œuvres d’un initié. C’est le père Kibandi qui a initié son fils âgé de 10 ans pour lui transmettre, contre son gré, un don de dédoublement (un lui-même et son autre lui-même) et un double nuisible (le porc-épic). Ensemble, ils ont réalisé de nombreux méfaits et beaucoup sont morts dans le village pour des motifs assez légers, insultes, jalousie, conflit d’amour-propre ou d’ honneur, amoureux éconduit…
Le porc-épic fait valoir que le jeune Kibandi et lui-même étaient contraints par le sort qui les liait. Mais il regrette ses actions nuisibles et il enjoint ses semblables de ne pas devenir un double nuisible. A sa façon Alain Mabanckou enjoint aussi ses lecteurs de ne pas adhérer à ces histoires de magie noire et à des rites nuisibles. Le porc-épic avertit aussi ses compères que les humains ne sont pas toujours fréquentables et qu’il est préférable de rester près des siens et de son territoire.
C’est Verre cassé, un client du bar « Le crédit a voyagé » qui aurait écrit cette histoire, d’une traite sur la table du bistrot, en n’utilisant que des virgules comme ponctuation. Verre cassé pense que « les livres qui nous suivent longtemps sont ceux qui réinventent le monde, revisitent notre enfance, interrogent l’Origine, scrutent nos obsessions et secouent nos croyances. »