L’été où tout a fondu de Tiffany Mc Daniel publié en 2019 aux éditions Joëlle Losfeld puis en 2022 aux éditions Gallmeister (Totem)

C’est un conte très, très noir parce qu’il y est question des pires sentiments qui animent l’âme humaine: l’intolérance, le racisme, l’homophobie, la superstition, l’ignorance et la peur irraisonnée qui conduit à hurler avec la meute et commettre des actes irréparables.

Les faits se déroulent dans une petite ville ordinaire de l’Ohio pendant un été de sévère canicule. Un enfant noir, intelligent et cultivé, débarque on ne sait d’où. La famille du narrateur (Fielding) alors âgé de douze ans, l’accueille et le prend en affection. Un voisin, proche de Fielding, le soupçonne d’être le diable et répand la rumeur. Désormais tous les évènements tragiques qui surviennent dans la ville lui sont attribués. Grand, le frère ainé, joueur de baseball admiré de tous pour sa plastique, son adresse et ses qualités humaines, fera aussi les frais de l’intolérance et de l’ostracisme.

Quand il raconte son histoire, Fielding est un homme âgé, clochardisé, détruit par les évènements qu’il a vécus pendant cet été « où tout a fondu » et qui a survécu à une tentative de suicide sans pouvoir se réparer ou se pardonner. Pendant cet été-là, Fielding découvre la peur et l’injustice, les violences faites aux enfants, l’incompréhension des différences même chez ceux qu’on aime le plus, la culpabilité, l’aveuglement sans limite des hommes abreuvés et abrutis d’injonctions complaisantes, le désespoir du manque d’amour et de reconnaissance. Fielding apprend aussi qu’il faut du courage pour tuer quand l’éthique l’exige.

Heureusement, pour faire passer cette pillule amère, pour nous faire accepter de regarder en face ce qu’on ne veut pas voir au quotidien, il y a l’écriture de Tiffany Mc Daniel (https://fr.wikipedia.org/wiki/Tiffany_McDaniel), aussi flamboyante et colorée que son histoire est noire. Elle est inventive, imagée, poétique, fine et sensible et en fin de compte, addictive. Bien que ce conte soit dur et sans concession, j’ai beaucoup apprécié cette lecture, ces personnages attachants, la lueur d’espoir qui résiste et cette écriture extraordinaire. Pour d’autres lecteurs, c’est trop! (https://www.senscritique.com/livre/l_ete_ou_tout_a_fondu)

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