Tant de choses dans ce roman! Et quelle belle écriture! Lola Lafon choisit de passer une nuit seule dans le musée Anne Frank à Amsterdam (https://lewebpedagogique.com/leslettresdescollines/2014/12/02/visite-virtuelle-de-la-maison-danne-frank/). Elle raconte cette expérience et beaucoup d’autres choses. Elle attend de son isolement nocturne dans la célèbre « annexe » d’identifier sa relation à Anne Frank. Sa grand-mère Ida, juive polonaise, lui a offert comme un bien précieux, une grossière médaille d’Anne Frank qu’elle garde dans une boîte avec quelques autres secrets. Cette nuit au musée est une profonde introspection guidée par Anne dont « l’absence » en ce lieu ravive une sensation de manque et de responsabilité vis à vis des « absents » de sa propre famille juive et plus globalement de toutes les victimes de la shoah. Lola Lafon cherche aussi Anne Frank dans son désir d’écrire et elle nous confie quelques très belles pages sur les ressorts de l’écriture.
C’est la médaille qui a conduit la romancière jusqu’à cette nuit dans l’annexe d’Amsterdam. Dans la boîte à secrets, il y a la photo d’un autre « absent », un cambodgien de 15 ans, lycéen à Paris, rappelé à Phnom-Penh avec sa famille par les Khmers rouges en 1976. Lola Lafon a partagé dix jours de sa vie. Seule dans la chambre d’Anne, elle se souvient de Charles Chea et purifie la mémoire d’Anne et de son oeuvre. Qu’avons-nous fait d’Anne Frank et de son journal (https://sherpas.com/blog/le-journal-danne-frank-resume/)? Un objet de culte, jusqu’à la ferveur et l’amour et un objet de profit. Comme Charles, Anne est une adolescente avide de vivre, persécutée, martyrisée et assassinée.