de Léonora Miano publié en 2019 aux éditions Grasset
Léonora Miano est camerounaise et française. Elle a déja reçu de multiples distinctions littéraires (https://www.franceculture.fr/personne-leonora-miano.html). Elle nous livre un roman d’amour écrit dans une langue raffinée autant par la construction des phrases que par la richesse du vocabulaire, à la limite de la sophistication. C’est aussi tout le contraire d’une langue concise: la romancière prend tout son temps pour fouiller au fond des âmes et préciser sa pensée.
« Rouge impératrice » est une fiction ou peut-être un roman d’anticipation. Une alliance est parvenue à unifier et faire prospérer le continent africain (Katiopa) sur ses valeurs et son identité originelles. Au terme d’une révolution (chimurenga), Katiopa s’est libérée des colonisateurs, des esclavagistes et des profiteurs pour rayonner dans le monde.
Pendant ce temps, l’Europe (Pongo) a été victime de flux migratoires incontrôlés. Les français en particulier (les fulasi) n’ont pas su préserver leur identité et leurs valeurs. Ceux des fulasi qui refusent la mixité de race et de culture ont quitté Pongo et beaucoup sont venus se réfugier à Katiopa en raison de leur passé colonial. Ils y étaient autrefois les maitres, ils sont devenus les « sinistés ». Le roman est une réflexion sur les problémes politiques, sociaux et psychologiques consécutifs aux difficultés d’intégration des « sinistrés »
Voilà déjà de quoi justifier une lecture enrichissante mais on peut encore ajouter que le réalisme dans la progression du sentiment amoureux aussi bien que dans les complots politiciens, est mêlé à des propos emprunts de traditions, de spiritualité, d’ésotérisme et de préoccupations humanistes et environnementales. A la fin du livre tous les comptes ne sont pas soldés et donc, un tome 2 est hautement probable, pour notre grand plaisir. Wikipedia consacre une étude détaillée de ce roman (https://fr.wikipedia.org/wiki/Rouge_Imp%C3%A9ratrice)