Café-Philo – Décembre 2024: Pourquoi la Religion s’oppose-t-elle à la Raison?

Image empruntée à: https://philobac.fr/page/8

Ce que j’en pense après le débat:

Ma réflexion ne prend pas en compte la spécificité de chaque Religion. Je suis instruit de la religion catholique et ignorant de toutes les autres religions du vaste monde.

Opposer la Religion et la Raison, est-ce opposer la carpe et le lapin? La Religion est basée sur la foi en Dieu, les dogmes et les pratiques de l’Eglise. La foi est une croyance inconditionnelle résultant d’une éducation ou d’un enseignement non contestable et définitif. La Raison est basée sur des perceptions, des observations, des expériences, des calculs et des déductions qui résultent dans des connaissances toujours remises en question. L’une et l’autre sont des outils de notre vie mentale, il n’est donc pas insensé de les comparer ou de les opposer.

La Religion s’oppose à la Raison parce que la Raison conteste son fondement c’est à dire l’existence même de Dieu et par là, la foi des croyants. Pascal affirme que Dieu et l’homme n’ont dans leur nature rien de commun et donc qu’on ne peut faire appel à la raison humaine pour comprendre Dieu. Cependant, même si je sais que ma raison est faillible (par exemple je reconnais comme vrais des faits qui, avec le temps s’avèrent faux), je dois m’efforcer de comprendre le monde avec les outils à ma disposition c’est à dire les perceptions (mes sens) et la Raison. Perception et Raison n’apportent aucun argument pour appréhender l’existence de Dieu, ni comprendre les « mystères » de la Religion. Au contraire l’histoire de l’humanité rapporte que nos lointains ancêtres étaient des animistes en communion avec la nature environnante puis leur besoin de communiquer avec les éléments qu’ils vénéraient les a conduit au polythéisme, enfin au panthéon de leurs dieux il s’est avéré nécessaire qu’un dieu domine tous les autres les conduisant aux religions monothéistes. Il apparaît donc que les hommes ont créé la religion et l’ont fait évoluer en fonction de leurs connaissances et de leurs besoins.

La Religion s’oppose à la Raison parce qu’elle conteste aussi les dogmes de l’Eglise, c’est à dire l’essence de Dieu, son amour pour l’humanité, la résurrection du Christ, la trinité, la transsubstantiation (à la messe, la transformation du pain en corps du Christ), la virginité de la mère du Christ… Et la raison conteste l’exploitation socio-culturelle de ces dogmes, c’est à dire l’autorité de l’Eglise qui résulte de l’adhésion des fidèles à ces croyances.

La Raison conteste à la Religion sa légitimité à exercer un pouvoir politique comme l’ont montré dans notre histoire les querelles entre les rois et les papes, et comme le montrent aujourd’hui les états islamiques. Elle conteste sa légitimité à être une puissance belligérante comme au temps des croisades, des guerres de religion, des conflits sanglants entre catholiques et protestants, et aujourd’hui le Djihad ou les conflits armés au nom de l’Islam. La raison conteste encore sa légitimité à faire commerce de ses croyances et de ses pratiques et à accumuler des richesses. La Religion (les Eglises) poursuit, certes, des objectifs de progrès social, mais au même titre que n’importe quelle association caritative. Elle n’a aucune justification à faire du prosélytisme, encore moins à mentir, opprimer ou violenter des peuples comme au temps de l’inquisition.

Religion et Raison s’opposent dans des prises de position sur des faits de société et sur les libertés individuelles (homosexualité, mariage pour tous, avortement, contraception…). La Religion s’oppose au libre arbitre, elle représente donc une perte de liberté. Elle est décrite comme « l’opium du peuple » en raison de l’effet d’analgésie qu’elle produit et qui empêcherait l’émancipation des peuples. Dans l’Eglise il n’y a pas d’égalité des sexes, les femmes ne peuvent prétendre aux mêmes droits et fonctions que les hommes. L’Eglise impose à ses prêtres le célibat sans en mesurer les conséquences, elle a d’ailleurs longtemps fermé les yeux sur les crimes sexuels dont certains de ses membres se rendaient coupables.

La Religion est utile, voire nécessaire. Elle est une parade à l’angoisse existentialiste (d’où je viens?, qu’y a-t-il après la mort?, pourquoi tant de souffrance?), c’est l’effet d’analgésie. Elle a permis de fédérer les hommes en leur proposant des objectifs communs. Elle représente une possibilité de changer la réalité de l’humanité. Les croyances sur lesquelles elle repose, relèvent de la seule foi des croyants. On peut toutefois penser avec Spinosa que Dieu est l’essence de l’existence, qu’il représente la somme de l’essence de tout ce qui existe et qu’en tant que tel il n’est pas un objet de foi. Toutefois, le doute est salutaire dans notre vie mentale. Si le doute n’existait pas, il n’y aurait qu’une seule religion ou aucune.

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