Je vais me répéter, cette autrice islandaise écrit des romans très poétiques, touchants, intimes, personnels dans un style d’une grande simplicité apparente. Cette fois son roman s’intéresse aux sages-femmes qu’on appelait en Islande les « mères de la lumière ». Elles sont au côté de l’enfant lorsqu’il ouvre les yeux sur la lumière et reçoit cette première agression du monde. Dyja, la trentaine, est la dernière d’une lignée de sages-femmes, son arrière grand-mère affrontait la nuit et les intempéries (ça se passe en Islande!) pour accoucher les femmes dans leur village. Certaines y laissaient leur vie. Aujourd’hui, elle-même se soucie davantage de plannings et de protocoles tout en restant très attentive à l’enfant et empathique avec les parents. Entre les deux, la grand-tante Fifa a été le modèle et l’inspiratrice de Dyja. C’est elle le personnage principal du roman, Dyja la révèle. Fifa réfléchit intensément sur la condition humaine, la naissance et la mort, le temps bref entre les deux, son rôle de sage-femme. Et puis la lumière.
Sa réflexion la conduit tout naturellement à la place de l’homme dans l’univers, son environnement, ses entreprises destructrices et l’écologie. Et puis il y a le hasard: un australien à Reykjavic par une nuit de tempête monstrueuse, des textes enfouis dans une caisse et qui trouveront leur éditeur, ou non? Tout ça est écrit entre les petits riens du quotidien qui font la trame de la vie de gens ordinaires et avec un peu d’humour, la famille maternelle est une dynastie de sages-femmes et la famille paternelle tient une entreprise de pompes funèbres.