La tentation de l’autobiographie chez les auteurs littéraires: faut-il y céder? Comment faire pour ne pas tomber dans les poncifs? Donc Susie Morgenstern (https://susiemorgenstern.com/) a cédé et a choisi une forme et un angle d’attaque originaux (les épisodes de la vie vus comme des exils successifs). C’est une option intéressante même si elle n’atteint pas un degré d’originalité comparable au « sous-marin jaune » de Stefansson! (https://critiquacroquer.fr/mon-sous-marin-jaune-roman-islandais-de-jon-kalman-stefansson-publie-en-france-en-2024-aux-editions-christian-bourgois/). Et puis est-ce que les expériences de la vie ne sont pas universellement des formes d’exil puisqu’à chaque fois il s’agit de rompre avec un état antérieur connu pour un nouvel état à découvrir?
La personnalité de la romancière et son histoire, une enfance dans un quartier populaire américain, une éducation dans une famille et des écoles juives conservatrices, un mariage à un physicien qui l’amène à vivre en France, une carrière d’autrice de livres d’enfants… sont bien sûr une mine d’exils singuliers. Pourtant, parmi les 18 exils, peu sont vraiment déterminés par les caractères originaux de cette personnalité: quitter sa famille et son pays, s’adapter à une nouvelle société et un nouveau pays, assister son mari malade, veiller sur ses filles, un veuvage, un amour tardif etc. peuvent être vus comme des expériences universelles.
Il est vrai que cette autobiographie est joyeuse et qu’elle célèbre la vie. Il est vrai qu’on a toujours à apprendre le l’histoire des autres surtout si, comme Susie Morgenstern, ils ont pris des initiatives et assumé des responsabilités dans la société. Il est vrai aussi que son judaïsme donne une coloration spéciale à sa biographie. Alors pourquoi bouderait-on cette friandise? https://www.babelio.com/livres/Morgenstern-Mes-18-exils/1315248