Parce que je suis choqué qu’on puisse proposer à un enfant ou un adolescent des médicaments bloqueurs de puberté, parce que je suis estomaqué qu’une personne demande à changer de sexe au prix d’une chirurgie délabrante, douloureuse et définitive, parce qu’à un enfant qui affirme qu’il ne se trouve pas dans le bon corps et le bon sexe, je ne sais pas s’il est mieux de le dissuader d’en changer ou l’accompagner dans sa démarche de transition… Il y a quelque temps, est arrivé à ma conscience le sentiment que les sollicitations sur le thème des personnes transgenres étaient fréquentes et que je n’étais pas armé pour y répondre. Quand je réfléchis sur un sujet débattu en public, je préfère identifier et clarifier mes idées personnelles avant de compléter par des avis bien informés. A propos de transidentité, je me suis confronté aux faits que je n’avais que des questions et que je ne possédais ni les connaissances ni le vocabulaire pour formuler des réponses à ces questions. Parmi les documents consultés, je retiens la synthèse (version professionnelle) proposée dans le manuel MSD: https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-psychiatriques/sexualit%C3%A9-dysphorie-de-genre-et-paraphilies/dysphorie-de-genre-et-transsexualisme et l’émission de la RTS (Radiotélévision Suisse), Transidentité et Non-binarité, vers une image positive de soi: Dans la tête d’un Trans – https://www.youtube.com/watch?v=phxMD2hDdK4 – https://www.youtube.com/hashtag/nonbinaire
Que se passe-t-il chez les transgenres? Combien sont-ils? Est-ce une pathologie ou une normalité parmi de multiples normalités possibles? Sont-ils tous atteints d’un même trouble ou d’aucun trouble? A quel niveau physique ou mental se situerait ce trouble: génotype ou phénotype du sexe ou du genre? dissonance entre l’image corporelle mentale et l’image corporelle perçue? Est-ce que cela a à voir avec les fonctions cérébrales de la conscience de soi? Quels sont les puissants sous-jacents qui motivent le besoin de changement de sexe (la chirurgie de réassignation sexuelle)? La souffrance des personnes trans est-elle vraiment plus la conséquence d’une discrimination que de la dysphorie de genre?
Ce qui m’apparait clairement: Il y a le sexe morphologique assigné à la naissance et affirmé à la puberté: mâle, femelle et intersexe. C’est un constat de la société devant la présence ou l’absence de pénis. Puis il y a le genre perçu par l’individu (identité de genre), en accord avec le sexe assigné (masculin, féminin), ou en discordance, avec une multitude de genres possible: transgenre, bigenre, androgyne, agenre, genre fluide, postgenre, pangenre … (voir définitions dans wikipédia par exemple: https://fr.wikipedia.org/wiki/Transidentit%C3%A9 ) Ensuite vient l’orientation sexuelle, indépendante du sexe et du genre et pour laquelle la nature autorise toutes les possibilités. Vient ensuite le rôle de genre c’est à dire le choix des codes sociaux (vestimentaires, comportements, propos, préférences…), là encore indépendant du sexe assigné, du genre ressenti et de l’attirance sexuelle, qui se manifeste (entre autres) par le travestissement et qui détermine l’affichage de la personne devant la société. C’est lui qui déclenche la discrimination. On pourrait encore ajouter le désir et l’absence de désir de porter un enfant. On comprend alors que les innombrables combinaisons possibles entre ces facteurs et leur évolution dans le temps produiront une infinie variété d’individus. Les individus pour qui il y a concordance entre le sexe assigné et le genre ressenti sont appelés cisgenres par opposition aux transgenres. L’incongruence de genre est diversement ressentie et vécue, parfois niée ou acceptée moyennant certaines conditions comme le changement d’état civil ou le travestissement, non acceptée et source de souffrance (dysphorie de genre), insupportable conduisant aux demandes impérieuses de traitement par hormonothérapie et chirurgie de réassignation sexuelle, voire au suicide.
Aucun individu ne réalise à cent pour cent l’idéal masculin ou l’idéal féminin. Chaque individu peut donc dans sa sensibilité, dans sa conscience de soi et dans son expression de genre se sentir et/ou être perçu comme homme à 80% et femme à 20% sans que cela ne pose le moindre problème à l’individu ou à la société. De ce point de vue la binarité n’existe pas et nous sommes tous bi-genres et dans la normalité. Cependant, les « garçons manqués » et les « hommes efféminés » ne se plaignent pas du sexe assigné ni d’une dysphorie de genre. Binarité ou pas, Je crois que si la perception de soi conduit à une souffrance, à un dégoût de ses attributs sexuels et à un besoin de changer d’état, il y a quelque chose qui cloche et je franchis le pas de considérer que c’est pathologique. La conscience de soi, l’attirance sexuelle, le choix d’un rôle de genre, le désir d’enfant sont des représentations mentales. Chacune de nos représentations mentales est aussi un objet neuronal, c’est à dire un réseau spécifique de neurones localisé dans certains lieux de notre cerveau, et les lois de liaisons entre les deux niveaux restent à établir (https://www.cairn.info/le-cerveau-et-la-pensee–9782361060466-page-53.htm)
Les personnes transgenres sont difficiles à dénombrer en raison de la multiplicité des présentations et la diversité des critères choisis pour les identifier. Je ne m’essaierai pas à une synthèse de statistiques. C’est une population significative qui semble en croissance régulière. Les causes de cette augmentation ne sont pas connues. On peut s’aventurer à de nombreuses hypothèses depuis le rôle des médias et des réseaux sociaux dans la prise de conscience jusqu’aux effets des perturbateurs endocriniens dans la sexualisation (hypothèse non documentée), pourquoi pas? Beaucoup est fait, me semble-t-il, pour améliorer la compréhension et l’acceptation de la transidentité par la société. Sans contestation les personnes qui revendiquent leur transidentité sont victimes de discrimination. Le simple constat de n’être pas reconnu par la société comme la personne qu’on est convaincu d’être est ressenti comme une discrimination et une souffrance. Si des personnes transgenres se sentent maltraitées à la lecture de mon propos, je peux les assurer qu’il ne vise qu’à mieux les comprendre. On peut trouver des origines à l’intolérance et la discrimination qu’on leur oppose mais je ne leur trouve pas de justification et je souhaite que chacun puisse se construire en dehors des stéréotypes.