Devoir versus Plaisir, conflit éternel?
Pourquoi ces deux concepts sont-ils si souvent opposés? Sont-ils vraiment incompatibles?
Articles proposés pour la réflexion:
- Sénèque (4 – 65 ap. J.C) -De la vie heureuse – Les positions des ennemis du plaisir, participants de la vertu et du devoir! Pour Sénèque c’est le domaine de la morale: il y a le bien et le mal. Le devoir et la vertu appartiennent au bien et aux sages, ils conduisent au bonheur. Le plaisir c’est le mal, c’est ce que recherchent les fous et les méchants, il est éphèmère et conduit au malheur.
- Marc Aurèle (121 – 180) – Pensées pour moi-même, Livre IV, XII – Autre exemple de partisans du devoir… les stoïciens. « Un motif soutenable, de justice ou d’intérêt général (pour se déterminer) et non point ce qui te paraît glorieux ou agréable ».
- Emmanuel Kant (1724 – 1804) – Fondements de la métaphysique des moeurs (1785) – La philosophie Kantienne.
- Auguste Comte (1798 – 1857) – Catéchisme positiviste (1852), dixième entretien – Et par conséquent, l’exclusivité du devoir devient vite tyrannique et moralisateur.
- Eric Lowen – Propos ad hoc – Le devoir oui, mais pourquoi?
- Bertrand Russel (1872 – 1970) – Science et Religion. Si le devoir a si bonne réputation, pourquoi le plaisir semble moralement condamnable?
- Aristote (384 – 322 av. J.C) – Ethique à Nicomaque. Et si le plaisir était lui aussi un devoir?
Après le débat, ce que j’en pense:
Je suis opposé à la vision morale de Sénèque qui lie le devoir et la vertu au bien et à la sagesse, et à l’opposé le plaisir au mal et à la folie. D’ailleurs, je ne trouve pas de raison d’opposer systématiquement devoir et plaisir d’autant plus qu’au cours des siècles devoir et plaisir n’ont pas toujours eu la même signification. Kant dit que le devoir élève l’homme au-dessus de lui-même mais je pense que l’homme s’y astreint parce qu’il trouve du plaisir à s’élever au-dessus de lui-même. On peut trouver du plaisir à l’accomplissement du devoir. Le devoir et le plaisir sont nécessaires à l’exercice de la vertu. C’est la société qui crée les devoirs, il convient d’en examiner la finalité ainsi que les moyens à mobiliser pour atteindre l’objectif. C’est indispensable pour déterminer en conscience si le devoir est justifié. Le plaisir est un moteur de l’existence et, considérant l’importance du circuit cérébral de la récompense dans nos compétences cognitives, c’est peut-être le principal moteur.