Le coût de la Vie de Déborah Lévy publié en 2018 (édition originale en anglais), traduction française publiée en 2020 aux éditions du Seuil

Image empruntée au site « Le Figaro »: https://www.lefigaro.fr/livres/etat-des-lieux-de-deborah-levy-pas-facile-d-etre-une-femme-liberee-20211103 : Le coût de la Vie de Déborah Lévy publié en 2018 (édition originale en anglais), traduction française publiée en 2020 aux éditions du Seuil

A 50 ans, Déborah Lévy (https://www.babelio.com/auteur/Deborah-Levy/333311) choisit de ne pas essayer de sauver son couple: « A quoi bon regagner un navire qui de toute façon va couler? ». De son rôle dans le foyer qu’elle a construit, elle pense que « c’est un acte de générosité immense que d’être l’architecte du bien-être de tous les autres », « beaucoup de gens pensent que cette tâche revient aux femmes » et qu’à terme on y trouve « une femme épuisée qui ne reçoit ni remerciements ni amour et qu’on néglige ». Et à propos du couple qui dure, elle écrit: « Pour moi, il n’y aura pas de fin au deuil de ce vieux désir de vivre un amour durable qui ne réduirait pas ses personnages principaux à moins que ce qu’ils sont. Je ne crois pas avoir souvent vu d’histoires d’amour qui y parviennent… ». Toutefois, elle reconnaît que son choix lui cause bien des questions et des hésitations. Ce récit autobiographique est plein d’humour, de sincérité et d’intelligence, raconté d’une plume sensible et poétique et il faut bien ça pour un sujet aussi sérieux. Pas facile de cerner le but poursuivi par l’auteure dans ce récit. Que coûte le choix d’être une femme, une mère, une femme seule pour éduquer ses enfants et réparer la plomberie, une femme – mère – romancière, une femme libérée des masques sociétaux? Plus simplement, s’agit-il de raconter un bouleversement de vie après un naufrage conjugal? L’intérêt du récit est dans l’introspection, la réflexion et l’écriture.

Le premier chapitre de son roman m’a enthousiasmé. L’auteure, qui s’apprête à confesser son douloureux échec conjugal, est spectatrice d’une scène métaphorique et justificatrice de sa propre situation. C’est construit comme un scénario et c’est de la très belle littérature. J’aurais aimé que tout le roman continue ainsi mais, sans vouloir dénigrer, il devient un ouvrage où la femme se plaint de la faillite de son couple et de la dureté de la vie qui s’ensuit. Comme le dit la chanson, être une femme libérée c’est pas si facile! Encore que, dans le cas de Déborah, il s’agit d’une situation choisie et non subie, que sa profession de romancière et son environnement se prêtent assez bien à son choix de vie.

Dans les dernières lignes l’auteure donne un éclairage sur son récit: « L’écrit que vous lisez à présent, c’est le coût de la vie et c’est de l’encre numérique. » Je vois ce qu’elle veut dire mais, dans d’autres pages elle est plus difficile à suivre encore, comme dans cette scène où elle contemple avec son amie Clara, les épuisettes de ses filles qu’elle voit comme « des portiques vers le passé »: « Nous raccourcissons le passé, a déclaré Clara en pointant l’épuisette du doigt, ce qui, en fait est surtout un désir réactionnaire de bâillonner le savoir. » C’est une lecture pleine de charme et de poésie, attrayante, féministe et qui donne à penser.

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