Encore une belle lecture islandaise de la romancière que j’admire, Audur Ava Olafsdottir et je ne répèterai pas ici toutes les qualités que je trouve à ses romans puisque j’ai déjà raconté dans ce blog: Ör, La couleur rouge de la rhubarbe, La vérité sur la lumière, Eden … (https://critiquacroquer.fr/wp-admin/post.php?post=609&action=edit)
Cette fois la narratrice se raconte dans un road-trip typiquement islandais, sous la pluie et dans le vent glacial, dans l’absence de jour, sur des routes défoncées et inondées, loin de toute ressource, bref un environnement quelque peu hostile mais pour une islandaise assez naturel au quotidien même si elle ne le qualifierait pas de réconfortant. Le but de ce voyage est un village qui garde le souvenir de sa grand-mère, où elle a passé une partie de son enfance, où elle a subi un traumatisme très profondément enfoui que personne ne souhaite raviver.
Le déclencheur de cette quête aussi intérieure que touristique, c’est la brusque décision de divorcer dont son mari lui fait part en même temps que son installation dans un nouveau foyer et sa future et proche paternité. A ses dires, elle souffre d’une incapacité à partager la vie de couple et s’est toujours refusée à lui faire un enfant, d’ailleurs tout le monde semble douter de ses compétences maternelles. Au moment d’embarquer, en femme libérée, dans l’aventure et dans sa voiture brinquebalante, sa meilleure amie, mère célibataire qui va accoucher de jumelles, lui confie (on pourrait dire lui impose) son fils, un petit garçon de quatre ans, handicapé, chétif, mal voyant et mal entendant.
Le roman ne raconte pas d’évènement spectaculaire, seulement les petites choses du quotidien d’une femme libre et d’un enfant de 4 ans. Mais ces petits riens témoignent de la profonde transformation qui s’opère chez la narratrice et du lien chaleureux qui se tisse entre elle et l’enfant et constitue le socle de son apprentissage de mère aimante et responsable. Voilà, j’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman sensible, sobre, intime, vrai et encore une fois très bien écrit, qui nous fait vivre l’Islande.