Pourquoi souffre-t-on de solitude? – Café Philo Janvier 2025

Ce que j’en pense après le débat:

A priori on est à l’aise avec cette question. La solitude, on en a tous fait l’expérience d’une façon ou d’une autre et on connait des personnes qui souffrent de solitude. Cependant, les questions concernant la solitude posées au philosophe ou au psychologue sont très nombreuses: Que dit la philosophie de la solitude? Quelle est la psychologie derrière la solitude? Réflexions sur la diversité des solitudes et leurs solutions? Peut-on échapper à la solitude? Pourquoi la solitude est une bonne chose? Socrate était-il seul? etc. Et un bref survol d’avis sur la solitude révèle un très large spectre: « L’expérience de solitude a comme bienfait, de permettre donc de développer la fermeté d’âme autant que l’élégance du cœur. », “La tristesse vient de la solitude du coeur.”,  « L’incompréhension des autres mais aussi notre unicité en tant qu’être humain font que nous sommes finalement tous et toujours, seuls. » etc.

Pour simplifier, il me parait évident qu’il existe des expériences très diverses de solitude, certaines source de souffrance et d’autres non. Quand la souffrance existe, elle comporte une part de peur et d’angoisse existentielle archaïque du fait de la perte du groupe social (nécessaire à la survie et à la croissance du petit humain fragile) et du fait que l’absence du groupe prive le sujet de contacts et d’échanges pour combattre l’angoisse. Elle comporte aussi une part de frustration parce que le sujet est privé de « l’autre » qui est ressenti comme la solution à la solitude, et privé aussi du sentiment d’appartenance et de reconnaissance qui font partie des besoins fondamentaux de tout individu. Enfin, elle comporte une perte d’estime de soi devant la constatation de l’incapacité à nouer des liens sociaux et amicaux, et parce que l’insuffisance d’interactions sociales conduit à une diminution des performances intellectuelles. La solitude aggrave des maladies chroniques et elle affaiblit notre système immunitaire nous exposant à diverses maladies, donc à d’autres souffrances. Quant au philosophe, il pense qu’on souffre de solitude parce qu’on est incapable d’en percevoir tous les bénéfices.

Il faut bien distinguer la solitude et l’isolement. L’isolement peut conduire à la solitude et la solitude peut être vécue au milieu d’une foule. Il faut aussi distinguer la solitude subie et la solitude choisie mais ce seul critère ne suffit pas à déterminer si elle est ou non source de souffrance. La solitude subie peut finalement être acceptée si on en découvre des avantages. La solitude choisie peut ne pas apporter la satisfaction attendue. Et la perception de la situation peut varier avec le temps. Toutefois, dans nos sociétés dites développées, nous avons exposé certaines populations à l’isolement ou à la solitude. C’est le cas de groupes qui ne partagent pas les activités de la société en raison d’un handicap physique ou mental, ou d’une perte d’autonomie comme chez les personnes âgées. C’est aussi le cas de groupes qui ont des difficultés de communication pour des raisons personnelles ou technologiques. Il faut noter de ce point de vue le paradoxe de l’augmentation de l’isolement et de la solitude qui accompagne la croissance exponentielle des moyens de communication (accès à Internet, réseaux sociaux, smartphones…). Ce paradoxe résulte au moins en partie de la confusion entre des contacts interhumains naturels et des contacts virtuels entre des personnes devenues imaginaires, ces derniers étant suspects par ailleurs de perturber les fonctions mentales (comme la diminution de l’empathie). Les contacts virtuels sont d’ailleurs parfois utilisés comme un leurre pour combler l’insatisfaction des interactions sociales.

Apprécier la solitude nécessite une éducation pour construire son autonomie et prendre conscience qu’elle est aussi une forme de liberté. Pour moi, j’avais peu réfléchi à cet aspect de la solitude mais j’adhère totalement à cette lecture:(https://www.radiofrance.fr/franceculture/tous-seuls-reflexions-autour-de-la-solitude). La solitude est un art de vivre qui permet de se recentrer sur soi-même et de mieux apprécier les rencontres avec les autres. Elle nous permet de réfléchir à des thèmes que nous avons enfouis et de renouer avec les souvenirs, le spirituel et le sacré. Dans cette solitude là, nous ne sommes jamais seuls, nous sommes en communion avec l’humanité, la nature, les souvenirs de ceux qui nous sont chers. Nous sortons de l’isolement, nous sortons de notre ego construit pour autrui et nous retrouvons notre « je » libre. C’est une sorte d’hygiène de l’esprit nécessaire. La souffrance n’est plus alors dans la solitude mais dans un mauvais usage de nos liens sociaux. Encore une fois j’adhère à cette vision de la solitude mais j’y mets une condition, celle d’avoir la maîtrise de sa solitude donc de pouvoir y mettre fin à son gré.

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