Mortepeau de Natalia Garcia Freire, publié en espagnol (Equateur) en 2019, traduction en français en 2021 aux éditions Christian Bourgois

Une fiction tragique et « gothique » basée sur une confession ou plutôt un règlement de compte entre un fils et son père. Mathias revient dans le domaine familial après en avoir été chassé et là, devant la dépouille du père enterrée dans le jardin, il se remémore son enfance austère, le calvaire de sa mère et ravive les griefs accumulés. Ce qui captive dans ce roman, c’est d’abord la poésie et l’imaginaire, ensuite c’est la noirceur. Partout se trouvent les mouches, les vers, les araignées, la pourriture des cadavres, les plaies des gens et des bêtes, l’infirmité, la poussière, la crasse et aussi l’inquiétude, la peur, la solitude, la domination et la soumission, et ce sentiment que rien de bon ne peut arriver, la fatalité. On s’attache à Mathias, l’enfant victime de son entourage, à Sarai, la nourrice, qui a une véritable affection pour lui, et à la fragile Josephina, la mère si cruellement déplacée dans cette famille. Son drame est d’être instruite, cultivée, sensible dans ce monde de brutes et de ne pas croire en Dieu. On a vite le père en horreur, qu’on devine autoritaire, borné, brutal et injuste. Quant aux deux sbires monstrueux qu’il recrute… La poésie de ce texte exerce une sorte de fascination morbide qui pousse à avancer dans la lecture mais certaines pages restent pour moi obscures. Quelle déviance, quelle tension psychologique pousse Mathias à revenir au domaine pour s’y soumettre aux deux brutes? la seule carence affective et éducative de son enfance?

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